Changer la gauche

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Journal italien, par Francesco Avvisati



La pause estivale m’avait déjà donné l’occasion d’assister de près aux tourments du Labour anglais ; le week-end qui clôt l’été m’a permis de prendre le pouls d'un autre grand parti de gauche en crise, le Parti démocrate italien.


La déprime semble gagner de plus en plus les sympathisants du parti démocrate. Produire un consensus, susciter l’adhésion, agréger les espoirs, le parti est bien loin aujourd’hui de remplir ce rôle qui fut jadis celui des grands partis de la gauche italienne.

En perte de vitesse dans les sondages, les dirigeants et militants du parti sont aujourd’hui en mal d’espoir. Le parti se cherche. Ainsi, la semaine dernière a été marquée par l’école d’été de Cortona, promue par les jeunes dirigeants ; l’initiative témoigne de la volonté de lire la société, de l’interpréter, pour préparer le passage à l’action, le changement politique. Les modalités pratiques de déroulement de cette école d’été risquent toutefois de renforcer la désillusion sur un retour prochain en santé, tant le moment du passage à l’action semble lointain des titres des séances – on peut citer "climat et environnement", "le monde multipolaire", "le libéralisme et sa variante sans droits individuels". La liste des intervenants, pour sa part, photographie le manque de confiance du parti en lui même. Les universitaires ou auteurs à succès, dont de nombreux étrangers, y occupaient en effet une place bien plus grande que les décideurs politiques. Cela ressemblait davantage à un festival culturel, nouvel avatar du tourisme pour classes cultivées ; un de ces "événements" qui réunissent chaque été dans une ville du nord de l’Italie des foules pour des conférences de vulgarisation – à Modène pour la philosophie, à Trento pour l’économie, à Mantoue pour la littérature ou bien à Plaisance pour la théologie –qu’à une école de parti.

Cette semaine, le parti démocrate aura donc entamé une phase d’écoute de la société ; en choisissant des intellectuels comme interlocuteurs ; il a du moins évité que cette phase d’écoute ouvre la voie à la démagogie et au renoncement à tout changement vers un pays meilleur. L’impression, toutefois, est que ses sympathisants attendent avec une certaine résignation qu’il se mette au travail, dans son rôle d’opposition. Ce travail n’était pas prévu pour les militants qui ont participé à l’école d’été.

Les initiatives du gouvernement Berlusconi déconcertent ; et la cacophonie que les dirigeants démocrates en manque de discipline débitent aux électeurs en amène certains à lui préférer la gauche de Di Pietro, qui se limite au
contrappunto – une opposition qui contrebat note sur note, mais laisse in fine le monopole de l’initiative à la droite. Pour que les élections européennes de l’année prochaine ne marquent pas un nouvel traumatisme pour le parti démocrate, qui pourrait être fatal non seulement à ses leaders actuels, mais au parti dans son ensemble, il est donc urgent qu’il regagne confiance en lui même, qu’il mette en musique ses idées, et qu’il produise l’impression d’une gauche audible.



Francesco Avvisati

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