Changer la gauche

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Hollande avait raison, par Pierre Haroche



Depuis le début de la campagne, la gauche n’a cessé d’affirmer qu’une politique d’équilibre budgétaire devait impérativement s’accompagner d’une politique de relance de la croissance. François Hollande s’est même engagé, une fois élu, à prendre l’initiative au niveau européen d’un "pacte de responsabilité, de gouvernance et de croissance". A cela, la droite a cru bon de répondre en ricanant : les socialistes veulent faire de la France une nouvelle Grèce ; vouloir relancer les négociations européennes est totalement irréaliste puisque le traité de discipline budgétaire vient à peine d’être signé.

Avant la réponse des électeurs, ce débat est en train d’être tranché par… la réalité. Il semble en effet que les socialistes français aient été parmi les premiers à défendre une idée que l’épreuve des faits rend aujourd’hui incontournable en Europe. C’est d’abord Mario Monti, l’ancien de chez Goldman Sachs, le technocrate chargé de rassurer les marchés et d’assainir les finances italiennes qui a opéré un virage à 180° : "Tout, tout, tout ce que nous faisons maintenant doit bénéficier à la croissance" a-t-il annoncé, après avoir constaté que l’austérité forcenée finissait par être contre-productive. Puis ce fut au tour l’autre Mario sorti de chez Goldman Sachs, le Président de la BCE Mario Draghi de défendre devant le Parlement européen l’idée d’un "pacte de croissance" pour la zone euro. Autrement dit, l’orthodoxie est en train de changer de camp. Et l’idée d’une nouvelle négociation européenne sur la croissance n’est plus du tout une vague utopie.

Tout aussi significatif est l’exemple du Royaume-Uni. Le gouvernement conservateur de David Cameron a incarné depuis le début de son mandat l’exemple extrême de la priorité absolue donnée aux coupes budgétaires. Face à une opposition travailliste qui l’accusait d’aller « trop loin et trop vite » et n’avait de cesse de l’appeler à préserver la croissance, le Premier ministre répondait comme en France : avec vous, nous serions la nouvelle Grèce ! Les chiffres viennent pourtant de donner leur verdict : non seulement depuis le début de l’année le royaume est de nouveau en récession, mais dans le même temps les finances publiques n’ont cessé de se dégrader, obligeant à de nouveaux emprunts record. Pour paraphraser un ancien Premier ministre : ceux qui croient pouvoir choisir entre l’équilibre budgétaire et la croissance finissent avec une récession et des dettes.

A l’heure où le Président Sarkozy cherche chaque jour à coller un peu plus au discours du Front National, cette histoire confère à la gauche une tout autre ambition : prendre de la hauteur, fixer un cap et avoir raison avant les autres.


Pierre Haroche

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