Changer la gauche

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O tempora ! O Jaurès ! par Emmanuel Martin et Matthieu Niango



« Rajeunir le parti » : c'est le mot d'ordre auquel se rallient l'ensemble des socialistes depuis quelques années. La formule enferme la conscience d'un décalage entre un parti vieillissant et un électorat avide de renouvellement.

 
Qui profère un tel impératif ?
 
Le citoyen lassé d'entendre les vaincus d'hier et d'avant-hier promettre la victoire demain : les jeunes lions que l'attente finira par changer en éléphants, cela va de soi ; mais aussi une arrière-garde chenue, protégée par des bataillons de militants professionnels, nommés par quelques puissants féodaux... toutes personnes que l'on imagine mal abandonner d'eux-mêmes le commandement où ils ont blanchi avec tant de délices.

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Born again party, par Pierre Haroche



Le parti socialiste est-il mort ? Cette question s’impose à tout lecteur de la presse de ces derniers jours. Le chœur unanime des analystes et autres éditorialistes se complait en effet à annoncer la décomposition du parti socialiste, certains pour s’en lamenter, d’autres pour s’en réjouir, voire à s’inquiéter pour la santé de la démocratie française condamnée désormais à survivre sans opposition sérieuse. Pour y voir plus clair, reprenons dans l’ordre les étapes de cette catastrophe supposée.


Acte I : le Congrès manqué. Les « querelles d’ego », l’absence de solidarité ont raison de l’unité du parti. Les différentes motions refusent de fusionner et s’en remettent au vote des militants. Mais est-ce vraiment une mauvaise chose ? Uniquement si l’on reste attaché à une vision archaïque du parti où le vote des militants n’est rien et où les marchandages nocturnes de la commission des résolutions sont tout. Une vision quasi clientéliste dans laquelle les chefs de motion sont suivis aveuglément par leurs troupes et dirigent le parti entre eux, en se répartissant des postes à huis clos. En réalité, l’échec du Congrès a été une bonne chose car il a permis l’avènement de la démocratie et de la transparence.

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Un Américain au PS, par Pierre Haroche



Le 6 novembre dernier, comme 128 977 autres militants socialistes, j’ai voté dans ma section parisienne. Il se trouve que, le lendemain, je prenais par hasard un verre avec un ami américain de passage à Paris. Très intéressé par la politique française, il écouta avec attention mon exposé fleuri des différentes motions et des personnalités qui les soutiennent.

Soudain, il me demanda avec ingénuité : ”Mais ce vote, que décide-t-il au juste ?” Je répondis, en confiance : ”Il décide de la nouvelle majorité qui dirigera le parti. 
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"The Change we need": sens de l'histoire et révolution écologique, par Henry J. Dicks



Tout le monde l'explique depuis quelques mois, et en particulier depuis hier soir: ces élections présidentielles américaines sont d'une importance "historique". Mais lorsque l’on parle d’histoire, il faut forcément prendre un peu de recul et se demander ce qu’un tel événement veut dire à long terme. En l’occurrence, il me semble qu'à une échelle historique, le point crucial de l'élection de Barack Obama porte sur le rapport entre les Etats-Unis et l’Europe. Le slogan "Country First" mis en avant par McCain, de même que sa stratégie tardive consistant à présenter la politique d'Obama comme du "socialisme européen" incarnent, jusque dans leur échec, l'importance de cet enjeu.

Dès lors, une question se pose avec acuité: ce "changement" sur lequel Obama a tant insisté pendant sa campagne, dont les Etats-Unis ont, d'après lui, tant besoin, serait-il possible qu'il vienne pour partie de l'Europe?

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Discriminer moins pour gagner plus, par Matthieu Niango



Il y a trois semaines, l’épisode de la Marseillaise huée, survenu en pleine débâcle financière, fournit à Nicolas Sarkozy l’occasion d’échapper à une énième réunion de crise pour aller menacer une bande de supporters avinés, et rappeler au monde qu’il est, qu’il fut, qu’il sera, le président de l’identité nationale. Une tentative de diversion grossière mais significative : ces sifflets stupides, et la réaction, bien digne d’eux, qu’ils ont suscitée, manifestent autant le malaise d’une partie des populations d’origine immigrée que l’incapacité du président à maîtriser sa passion des répressions stériles.


Rien n’est dit, en effet, des raisons pour lesquels les symboles de la République sont régulièrement attaqués par les populations d’origine immigrée (ce fut le cas entre autre d’un France-Maroc en novembre 2007). C’est ainsi dans l’indifférence générale et sans commentaire du gouvernement que s’est déroulé, la semaine dernière, le
procès de Daytona, une société fournissant des prestations d’hôtesses de vente et d’animation, condamnée pour avoir établi un fichier ethnique à l’usage de ses clients.

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Présidentielle américaine: ce que nous apprennent les débats, par Julien Jeanneney



A trois semaines de l'élection présidentielle américaine, les spectateurs américains ont pu apprécier quatre débats entre les candidats à l'élection présidentielle : trois entre Barack Obama et John McCain (derrière une tribune d'abord, les candidats s'adressant au journaliste et aux caméras; puis au milieu d'une arène de citoyens; attablés, enfin, l'un en face de l'autre, à la manière des débats que nous connaissons en France), et un entre les candidats à la vice-présidence, Joe Biden et Sarah Palin. Les confrontations audiovisuelles jouissent aux Etats-Unis d'une aura comparable à celle des rendez-vous d'entre-deux-tours pendant les campagnes présidentielles françaises. Les prestations, diffusées simultanément sur de nombreuses chaînes, ont un double impact sur le public américain, à la fois direct –ce candidat m'a-t-il convaincu?– et indirect –comment s'est-il tiré de cet exercice difficile? Analysés avec un regard français, ces débats présentent plusieurs intérêts: ils nous permettent sans doute de mieux comprendre la manière dont fonctionne le système politique américain; mais la singularité de cette élection, que beaucoup qualifient déjà d'historique, rend l'analyse du comportement des candidats encore plus stimulante, et pousse à s'interroger sur ce que les personnages politiques français pourraient en tirer. Par-delà un habitus politique universel –une manière de s'exprimer afin de toucher certaines franges particulières de l'électorat, un usage plus ou moins modéré de la démagogie– les particularités de ces exercices politiques sont riches en enseignements.
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100€ + 100€ = 1000€, l'inégalité face à la crise, par Jeanne-Marie Roux



Et si nous revivions la crise de 1929 ? Les moments de l’histoire auxquels sont le plus rapportés les bouleversements actuels sont bien plus récents, mais le spectre qui hante nos esprits, c’est cette crise lointaine, dont les conséquences désastreuses ont marqué l’histoire du premier vingtième siècle. Le catastrophisme si naturel à notre temps trouve dans la perspective de son retour de quoi alimenter nos angoisses sur l’avenir, ce qui ne fera pas remonter la consommation, ni l’investissement des entreprises, et ne fera pas plaisir à "monsieur son mari", ni aux quelques hommes qui habitent notre belle planète avec lui. Mais ne soyons pas fatalistes, les hommes apprennent de leurs erreurs, paraît-il, le pire n’est pas toujours sûr. Alors tâchons d’apprendre, nous aussi, des erreurs du passé. Que faire ? En 1929, ceux qui n’ont pas voulu voir la crise s’y sont mal préparés –pour notre part, nous pourrions dès aujourd’hui faire des provisions de pâtes et de sauce arrabiata, et prévoir, parce que nous sommes généreux, de les partager avec notre voisin imprévoyant. Mais nous pourrions aussi, si le cœur nous en dit, tenter de réfléchir à l’équilibre des pouvoirs que révèle une telle crise, et ne pas hésiter à le juger.

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Journal italien, par Francesco Avvisati



La pause estivale m’avait déjà donné l’occasion d’assister de près aux tourments du Labour anglais ; le week-end qui clôt l’été m’a permis de prendre le pouls d'un autre grand parti de gauche en crise, le Parti démocrate italien.


La déprime semble gagner de plus en plus les sympathisants du parti démocrate. Produire un consensus, susciter l’adhésion, agréger les espoirs, le parti est bien loin aujourd’hui de remplir ce rôle qui fut jadis celui des grands partis de la gauche italienne.

En perte de vitesse dans les sondages, les dirigeants et militants du parti sont aujourd’hui en mal d’espoir. Le parti se cherche. Ainsi, la semaine dernière a été marquée par l’école d’été de Cortona, promue par les jeunes dirigeants ; l’initiative témoigne de la volonté de lire la société, de l’interpréter, pour préparer le passage à l’action, le changement politique.

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Les leçons de La Rochelle, par Mathias Chichportich



Que restera t-il de l’édition 2008 de l’université d’été de La Rochelle ? Sans doute davantage que les prophéties musicales de Ségolène Royal, les cent pas mélancoliques de Pierre Moscovici et les chassés-croisés d’Arnaud Montebourg. Pourtant c’est, semble t-il, le scoop du week-end : il existe des ambitions au parti socialiste. Si nul ne conteste la légèreté et l’opportunisme de certains comportements, il est néanmoins naïf et réducteur de limiter l’analyse à une simple lutte de personnes. Naïf, car ce serait prétendre que l’absence d’un leader incontesté à la tête d’un grand parti de gouvernement n’ouvre pas de facto une querelle d’ambitions. Réducteur, car l’université d’été de La Rochelle aura présenté nombre de grands enjeux des mois à venir.
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Le miroir géorgien, par Pierre Haroche



Un gouvernement tente de soumettre par la force une minorité séparatiste, une grande puissance intervient au nom du devoir d’ingérence afin de prévenir un « génocide » et, sa mission accomplie, reconnaît l’indépendance des peuples "libérés" qui laissent éclater leur joie et leur reconnaissance dans la liesse populaire. Dans le même temps, à des milliers de kilomètres, d’autres grandes puissances, apparemment insensibles au droit des peuples, protestent contre la violation de l’intégrité territoriale d’un Etat souverain.

Le scénario qui s’est joué ces dernières semaines en Géorgie est un grand classique et ressemble même un peu à un cliché, à la manière d’un blockbuster hollywoodien. C’est du moins l’impression qu’il donnerait si les rôles n’avaient pas été si bizarrement distribués. A la surprise du public, ce sont les Russes qui se font cette fois les champions de l’ingérence humanitaire, tandis qu’Américains et Européens endossent les habits ringards des défenseurs de l’ordre établi contre la volonté des peuples.

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La réforme du Sénat, un enjeu républicain, par Pierre Haroche



Par un article publié dans l’édition du Monde du 22 juillet dernier, Cristophe Caresche, Gaëtan Gorce, Jean-Marie Le Guen et Manuel Valls dénoncent l’« antisarkozysme pavlovien » des dirigeants de l’opposition qui ont refusé de voter une réforme institutionnelle que beaucoup considéraient comme un progrès et qui reprenait nombre de propositions formulées par la gauche.


Une opposition fondée, mais mal expliquée

Or ce refus, au-delà du simple « réflexe » d’opposition, constituait surtout une tentative de faire avancer la réforme du Sénat que beaucoup d’esprits chagrins disent impossible. L’exigence d’une majorité de 3/5e empêchait la majorité d’agir sans l’aval d’une partie de l’opposition. Dès lors, le PS a tenté d’utiliser –en vain– cette rare occasion pour faire évoluer le statut du Sénat. L’opposition ne se trouve pas souvent en position de force suffisante pour négocier avec la majorité. Dans ce cas précis, la crainte que les socialistes rejettent le texte en bloc et en empêchent ainsi l’adoption aurait pu pousser la majorité à transiger sur la question de la Chambre haute.

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Quel premier secrétaire pour le Parti socialiste ? par Pierre Haroche



A l’approche du prochain congrès du parti socialiste, un certain nombre de critiques traditionnelles à l’encontre du fonctionnement interne du parti refleurissent dans les discours de tous les bords. Devant les militants, la dénonciation des maux chroniques censés miner le parti est en effet devenue un outil rhétorique incontournable.


Un premier type de critique classique vise l’excès des ambitions personnelles qui tendraient à éliminer le débat d’idées et à « caporaliser » le parti derrière un chef. C’est aujourd’hui la position des « reconstructeurs » qui refusent que le congrès se transforme en duel des « présidentiables » désignés par les sondages d’opinion, Bertrand Delanoë et Ségolène Royal, et en appellent à l’élaboration d’une « offre politique » préalablement à la désignation d’un candidat.

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Ingrid Betancourt, la Nelson Mandela du pauvre, par Matthieu Niango



Comme tout le monde, j’ai accueilli avec joie la nouvelle de la libération d’Ingrid Betancourt, mais aussi avec la crainte que ce sentiment ne se transforme bientôt en agacement. Cet agacement, une comparaison trop récurrente l’a rendu réel. Car non, contrairement à ce que de nombreux médias ont bien vouloir écrire, Ingrid Betancourt n’est pas Nelson Mandela !


1. Nelson Mandela a lutté activement contre l’apartheid, ce qui lui a valu une condamnation à 27 ans de réclusion. C’était donc un prisonnier politique. Ingrid Betancourt était candidate à la présidence de la République lorsqu’elle s’est faite enlever et enfermer pendant 6 ans par les FARC, des narcotrafiquants dont elle ne menaçait pas particulièrement les intérêts. Son emprisonnement répondait avant tout à des fins économiques et militaires (elle constituait avec d’autres otages un bouclier humain). Ce n’était donc pas une prisonnière politique.

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Qu'apprendre de la crise de la gauche anglaise ? par Henry J. Dicks



Pendant dix longues années, Gordon Brown a attendu que son grand rival quitte Downing Street. Lorsqu’il est devenu premier ministre sans opposition véritable, en juin 2007, il a vécu une douce lune de miel. A peine un an plus tard, la gauche anglaise est en crise. Quatre raisons principales permettent de l'expliquer.

1. Brown a pensé davantage à son "couronnement" qu'à un règne dans la durée. Les initiatives lancées à son arrivée n'ont pas été suivies par d'autres réformes significatives.

2. Alors que David Cameron, le chef de l’opposition conservatrice, a intégré l’écologie au sein de l’image de son parti, Brown la conçoit comme un problème supplémentaire. Son idée farfelue de bâtir de nouvelles "éco-villes" dans les régions rurales le démontre très clairement.
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"Redistribution écologique" et "Services publics en zone rurale", nouvelles contributions



Nous avons le plaisir de vous signaler la parution des deux nouvelles Contributions du Club Changer la gauche.

L'une, consacrée à la
redistribution écologique, propose un mécanisme original permettant, par la modification de certains aspects de la fiscalité, d'inciter chacun à adopter un comportement écologiquement vertueux, tout en remplissant un objectif de redistribution sociale en fonction de ces comportements.

L'autre, consacrée à la question des
services publics en zone rurale, énonce plusieurs propositions pour pérenniser et moderniser, de façon réaliste, la présence de l'Etat dans tout le pays, dans un double objectif de développement économique et de recherche d'une plus grande égalité des territoires.

Bonne lecture!


Francesco Avvisati, Mathias Chichportich, Henry J. Dicks, Manon Garcia, Pierre Haroche, Harold Huwart, Damien Ientile, Julien Jeanneney, Emmanuel Martin, Matthieu Niango, Jeanne-Marie Roux

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Une visite d'Etat au Gabon, par Matthieu Niango



Je reviens d’un voyage en Afrique, un continent dont j’ai eu la chance de traverser seul les vingt pays de la côte ouest pendant ces dix derniers mois.

Un jour, je me promenais à Libreville avec un ami gabonais. Comme dans beaucoup de villes d’Afrique noire, les rues y sont bordées d’échoppes et d’étals de fruits et légumes. Un groupe de vendeuses portaient des t-shirts a l’effigie de Nicolas Sarkozy et d’Omar Bongo, qui dirige le Gabon depuis quarante et un ans. Je m’étonnai d’une telle popularité du président de la République francaise et questionnai donc mon ami.

Le matin du 27 juillet 2007, mon ami, qui est taxi, se rendit comme d’habitude au petit aéroport de Libreville.  Sur le tarmac il vit descendre d’un car du parti democratique gabonais –le parti de Bongo– un groupe de femmes portant les fameux t-shirts et des banderoles du même genre.  Il était six heures du matin.

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Où va la Cinquième République ? par Pierre Haroche



Les députés socialistes ont annoncé la semaine dernière qu’ils voteraient contre la réforme des institutions en première lecture afin d’obtenir d’ultimes avancées sur l’élection du Sénat et le temps de parole du président.  A l’heure où le sort de la constitution semble devoir se jouer dans une négociation point par point, il est légitime de revenir sur une question d’ensemble : où va la Ve République ?


L’esprit fondamental de la constitution de 1958 réside dans une innovation majeure : un régime parlementaire avec à sa tête un président de la République. La plupart des tensions que le régime a connues depuis lors découlent directement de la difficulté de concilier ces deux aspects
a priori contradictoires.

En théorie, le premier ministre est censé assurer la jointure, en étant responsable à la fois devant le président et le parlement.

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La virginité, "qualité essentielle de la personne" ? par Julien Jeanneney



Le 1er avril 2008, le Tribunal de grande instance de Lille a rendu un jugement d'annulation d'un mariage sur le fondement de l'article 180 du Code civil. Les faits sont les suivants: un homme épouse une femme qui lui affirme qu'elle est vierge; tous deux sont de confession musulmane. Le soir des noces, l'homme croit s'apercevoir que sa femme a perdu sa virginité. L'homme porte devant les tribunaux une action en annulation de ce mariage. Le juge prononce alors la nullité sur le fondement de l'article 180 du Code civil qui dispose qu'un époux peut la demander "s'il y a eu erreur dans la personne, ou sur des qualités essentielles de la personne''. En rendant une telle décision, le juge affirme que le consentement donné par les époux était vicié depuis l'origine, et que le mariage est réputé n'avoir jamais été formé.

Nombreuses sont les voix qui se sont élevées –celle d'Elisabeth Badinter entre beaucoup d'autres– pour décrier, à juste titre, la portée rétrograde d'une telle décision par laquelle la République donne raison au mari et à son exigence de virginité.
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Une once de distance critique, par Julien Jeanneney



Le métier de journaliste politique repose sur un équilibre difficile : d'un côté, il faut être suffisamment proche de ses sources pour accéder à l'information et nourrir ses articles de commentaires "off"; de l'autre, il faut conserver la saine distance qui permettra, en toute situation, de les critiquer. Ceux des journalistes qui ne respectent pas la première règle sont condamnés à ne travailler que sur de l'information indirecte. Ceux qui ne respectent pas la seconde sacrifient leur indépendance journalistique sur l'autel d'une dangereuse complaisance. Les premiers ont du mal à faire leur travail. Les seconds font semblant de le faire, ce qui est plus grave encore.

Savoir conserver une once de distance critique est donc le moins que l'on puisse attendre de la part d'un journaliste politique. Lorsque cette distance s'efface, le journaliste s'expose non seulement à un blâme moral, mais il risque le discrédit.
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Des municipales au Congrès, par les membres du Club Changer la gauche



Non, la gauche n'a pas gagné les élections municipales du mois dernier. Du moins, elle ne peut se satisfaire de ces succès dispersés. Evidemment, chaque victoire individuelle doit être applaudie et constitue une chance d'influer sur la vie d'une collectivité. Mais l'absence de essein global doit aujourd'hui nous faire réagir: sans lui, aucun succès ne sera jamais une victoire véritable. Identifier la gauche au gouvernement des collectivités territoriales, c'est prendre le risque de laisser pour longtemps à la droite celui du pays. Il est impératif, pour prolonger l'élan de ces élections municipales, d'imaginer une façon de rendre utiles les quatre années d'opposition qui se profilent. Pour cela, deux pistes doivent être explorées en priorité.

Tout d'abord, il faut aller chercher l'énergie là où elle se trouve : dans les collectivités territoriales. La dynamique créée par ce scrutin pourra se concrétiser si la gauche traduit ses succès dans les territoires en propositions de large envergure.
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Pensée écologique et troisième voie, par Henry J. Dicks



L'un des changements politiques majeurs de ces vingt dernières années fut l'élection de Bill Clinton comme Président des Etats-Unis, en 1993. Sa politique dite "de 'troisième voie"' a rendu possible un dépassement du vieux clivage droite/gauche sur des sujets précis. Consciente des conséquences électorales heureuses de cette nouvelle politique, la gauche anglaise a reproduit le schéma en 1997, ce qui a mené à l'élection de Tony Blair. Depuis, les deux pays ont divergé. Pourquoi donc ?


Après le succès de Clinton, tout le monde prédisait la victoire d'Al Gore en 2001. Pourtant, après qu'il a décidé de ne pas fonder sa campagne sur le danger du réchauffement climatique, sujet dont on sait désormais à quel point il lui tient à cœur, son projet a été critiqué pour son manque de substance et de valeurs ; c'est là que s'est jouée toute l’élection. Par la suite, le virage néo-conservateur des Etats-Unis a été ravageur pour l'écologie. Après avoir nié l'existence du réchauffement climatique, l'administration Bush ne l'accepte aujourd'hui que pour justifier des subventions énormes et écologiquement inefficaces en direction de l'industrie d'agro-carburants –l'enjeu est bien entendu de gagner cette industrie, très puissante, à la cause républicaine.

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Un Président redevenu candidat, par Mathias Chichportich



Malmené sur les questions économiques et sociales, le Président de la République tente de reprendre la main en concentrant le débat public sur un terrain qu’il estime plus favorable. La méthode est connue : susciter la polémique, se placer aux cotés des victimes puis dénoncer le politiquement correct et la pensée unique. Conscient de la piètre réaction suscitée par la proposition concernant l’enseignement de la Shoah en primaire, le voici de retour sur un sujet de prédilection : la justice et la sécurité.


Les suites données à la décision du Conseil Constitutionnel concernant la rétention de sûreté illustrent pleinement la méthode présidentielle. A propos du principe de non rétroactivité, on voit mal quel montage juridique pourrait permettre à la Cour de Cassation de contourner l’une des pierres angulaires du droit pénal français et européen. 

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Transcender les partis, par Julien Jeanneney



Après une baisse brutale de la côte de popularité du Président de la République dans les sondages, un "appel républicain" a été publié dans le magazine Marianne pour critiquer plusieurs dérives patentes du régime. Les auteurs, de tous bords politiques –on y croise Chevènement et Villepin, Royal et Bayrou, Dupont-Aignan et Delanoë– se rassemblent autour de quatre valeurs à leurs yeux essentielles : un attachement au principe républicain, aux fondamentaux d'une laïcité ferme et tolérante, à l'indépendance de la presse et enfin aux grandes options qui ont guidé la politique étrangère de la France depuis cinquante ans.

L'idée d'un "front républicain" doit être saluée, dès lors que convergent ces idées, même très larges, qui sont défendues par des personnalités de différents partis. Mais l'initiative, si elle ne doit pas être sous-estimée, ne doit pas non plus être surévaluée: les intérêts d'un jour ne se pérenniseront certainement pas.
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Le fétichisme du chiffre, par Francesco Avvisati



En jouant avec l'argent de la Société Générale au PMU des riches, Jérôme Kerviel a fini par provoquer pour son employeur une moins-value de presque 5 milliards d'euros. Avec une victime collatérale: celui qui a imposé son fétichisme du chiffre comme stratégie de communication en matière économique, et qui ne cache pas son énervement.

En effet, comme le PIB est calculé à partir des bénéfices des entreprises, ces 5 milliards d'euros partis à l'étranger pour une large part (pas en fumée: comme au PMU, avec les options sur les indices boursiers il y a toujours un gagnant et un perdant) pèseront à la fin de l'année dans les chiffres du PIB 2008. 5 milliards d'euros, c'est un quart de point de croissance en moins - vous voulez 3%? il faudra viser maintenant 3,25%. (0,25% de PIB, c'est ce qu'espérait gagner il y a quelques années une autre équipe gouvernementale par l'abolition d'un jour férié).

Si, comme c'est probable, les gagnants de cette "fraude" ne sont pas assujettis à l'impôt sur les sociétés français, 5 milliards de bénéfices en moins c'est aussi (au pif, évidemment) 1,6 milliards de recettes fiscales en moins: une perte d'environ 0,6% des recettes annuelles totales du trésor public. Ce sera d'autant plus dur de maintenir l'endettement en deçà des 3% par rapport au PIB. La bonne nouvelle pour l'Etat, c'est que les bénéfices au titre de l'année fiscale 2007 n'ont pas été touchés, la fraude ayant été découverte en janvier 2008: il y aura le temps de préparer ce choc sur les finances publiques...


Francesco Avvisati

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Jeux Olympiques ou développement durable ? par Henry J. Dicks



C'est l'Angleterre qui accueillera les Jeux olympiques de 2012. Ce n'est pas la France, on l'aura remarqué. Que va-t-elle donc faire avec les nombreux milliards d'euros qu'elle s'était engagée à dépenser pour ces jeux?

Le pays a toujours été très fort dans le domaine des grands projets, comme l'illustrent son TGV, son tunnel sous la manche, ses belles centrales électriques ou sa ligne Maginot!

A défaut de Jeux olympiques, pourquoi la France ne lancerait-elle donc pas un nouveau grand projet?

De quels projets la France a-t-elle aujourd'hui besoin? Dans quel domaine peut-elle montrer une voie à suivre pour le monde entier? La réponse n'a jamais été plus claire. Les grands projets doivent aujourd'hui s'insérer dans la lutte collective contre cet ennemi désormais commun qu'est le changement climatique.
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Les socialistes et le traité simplifié, par Mathias Chichportich



« Nous avons décidé de ne pas faire obstacle à la ratification de ce traité. Mais nous contestons le choix du gouvernement d’avoir choisi la voie parlementaire et non le référendum » ; voilà comment le désormais célèbre Jean-Jacques Urvoas a exprimé la position du groupe socialiste sur la révision constitutionnelle préalable à la ratification du Traité de Lisbonne.

 
Au fond on explique que le texte est une avancée, que la procédure est inappropriée et qu’il faut donc s’abstenir de le voter. Adopter cette posture était selon la direction le seul moyen de ne pas ouvrir un débat qui aurait laissé l’image d’un parti fracturé et ce à deux moi du scrutin municipal. Quel est le résultat d’une telle stratégie ?
 
A coup sûr un message inaudible. Dans une démocratie médiatique comme la nôtre peu sont les Français qui ont saisi la position exprimée par les socialistes. Beaucoup associent l’abstention au refus de voir le texte entrer en vigueur, certains y voient l’adhésion implicite à la méthode employée par le Président de la République. Peu importe ici ce que l’on pense du texte, le PS aurait gagné à tenir un discours cohérent. Dire que le Parlement n’a pas à désavouer le peuple et qu’il convient par là même de ne pas autoriser la ratification. Dire que le Traité permet un pas en avant et qu’il convient de ce fait de réviser la Constitution. Voilà qui aurait donné l’image d’un parti qui prend ses responsabilités.

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