Changer la gauche

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Sarkozy, sors de ce corps !, par Pierre Haroche

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Nombreux sont ceux qui se demandent aujourd’hui si Manuel Valls n’est pas la doublure de Nicolas Sarkozy. Une doublure d’autant plus « décomplexée » (pour reprendre une terminologie chère à notre ancien Président) qu’elle pourrait se parer des plumes de la gauche.


La première alerte a retenti cet été avec la campagne de démantèlement des campements roms. A ce stade, il était encore permis d’hésiter. Après tout, le ministre de l’Intérieur se doit de faire appliquer les décisions de justice. Et le gouvernement, en rupture avec l’odieuse circulaire d’août 2010 qui instituait le ciblage ethnique des Roms, publiait une circulaire insistant quant à elle sur la prévention, une meilleure insertion dans le marché du travail et la continuité de l’accès à l’éducation et à la santé. Cependant, certains soulignaient déjà que ces points reflétaient moins la position de Manuel Valls que les contraintes du compromis interministériel.

Puis, en septembre, il y eut la remarque sur le droit de vote des étrangers aux élections locales, qui ne serait « pas une revendication forte » selon le ministre, puis l’abandon de l’idée du récépissé pour limiter le contrôle de police au faciès. Là encore, les personnes de bonne volonté pouvaient tempérer : une petite phrase qui ne remet rien en cause ; une mesure techniquement peu pratique.

Enfin, l’incident de trop. Libération rapporte le cas de ces Françaises d’origine marocaine, arrêtées place du Trocadéro alors qu’elles étaient en train de photographier la Tour Eiffel. Le gouvernement avait passé la semaine précédente à jurer fidélité à la liberté d’expression et au droit à la caricature en faveur de Charlie Hebdo. Et voilà que, pour prévenir un rassemblement virtuel, des citoyens français qui ne cherchaient clairement pas à manifester sont appréhendés au seul motif de leur apparence physique et conduits au commissariat sans qu’aucune explication ne leur soit donnée. Le parallèle est saisissant. D’un côté on défend avec emphase la liberté d’expression, de l’autre, des gens qui n’ont même pas cherché à en faire usage se voient traités comme des citoyens de second ordre, des suspects naturels.

Récemment, j’ai entendu Ed Rendell, ancien gouverneur de Pennsylvanie faire la réflexion suivante : s’engager en politique, c’est choisir une cause pour laquelle on est prêt à perdre les élections. Selon lui, Obama pourrait perdre en novembre à cause de sa réforme de la santé, mais offrir une assurance à 30 millions de personnes qui n’en avaient pas les moyens, voilà une cause qui mérite qu’on soit prêt à perdre pour elle. Aujourd’hui, la gauche française est à la croisée des chemins. Elle peut se laisser aller à la dérive impulsée par le ministre de l’Intérieur et faire du sarkozysme sans Sarkozy, en se disant qu’après tout, c’est populaire. Ou elle peut se demander pourquoi elle est là et quelles grandes « causes » elle défend.

Aucune majorité n’est éternelle. Tous les gouvernements finissent par perdre les élections. En définitive, la seule question qui vaille est : qu’est-ce que ces hommes et ces femmes auront laissé à leur pays ? Alors s’évanouissent les calculs opportunistes, les prudences velléitaires. Peu de choses restent : une abolition de la peine de mort ; un « Obamacare ». Des combats parfois impopulaires au départ mais qui illustrent à eux seuls l’engagement de ceux qui les ont portés et prolongent leur héritage bien au-delà des revirements électoraux. Cette histoire là reste à écrire.



Pierre Haroche



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La réforme du Sénat, un enjeu républicain, par Pierre Haroche



Par un article publié dans l’édition du Monde du 22 juillet dernier, Cristophe Caresche, Gaëtan Gorce, Jean-Marie Le Guen et Manuel Valls dénoncent l’« antisarkozysme pavlovien » des dirigeants de l’opposition qui ont refusé de voter une réforme institutionnelle que beaucoup considéraient comme un progrès et qui reprenait nombre de propositions formulées par la gauche.


Une opposition fondée, mais mal expliquée

Or ce refus, au-delà du simple « réflexe » d’opposition, constituait surtout une tentative de faire avancer la réforme du Sénat que beaucoup d’esprits chagrins disent impossible. L’exigence d’une majorité de 3/5e empêchait la majorité d’agir sans l’aval d’une partie de l’opposition. Dès lors, le PS a tenté d’utiliser –en vain– cette rare occasion pour faire évoluer le statut du Sénat. L’opposition ne se trouve pas souvent en position de force suffisante pour négocier avec la majorité. Dans ce cas précis, la crainte que les socialistes rejettent le texte en bloc et en empêchent ainsi l’adoption aurait pu pousser la majorité à transiger sur la question de la Chambre haute.

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