"Pour une politique d'autonomie culturelle", nouvelle Contribution du Club Changer la gauche
Le Ministère de la Culture semble atteint d’un syndrome de citadelle assiégée. Syndrome que ne doivent pas dissimuler des chiffres encourageants : 5,5 millions de visiteurs à Versailles, l'exposition “ Picasso et les maîtres ” ouverte 24h sur 24, la Folle journée de Nantes qui affiche complet... Des chiffres dûs bien davantage à un dynamisme créatif qu'à une réelle volonté politique. La baisse des crédits, la réforme territoriale, la réorganisation du Ministère font en effet de la culture française une institution en perte de repères.
La gauche revenue au pouvoir devra enrayer cette crise latente en permettant un changement de cadre intellectuel, un retour de l’Etat dans la politique culturelle (lui seul permettant d’imposer une communion de vues sur tout le territoire) mais, surtout, le déplacement de l’attention du professionnel de la culture vers celui à qui elle s'adresse : le spectateur au sens large du terme.
I. Culture et égalité réelle
Selon une conception largement répandue de la culture, celle-ci, trop coûteuse et parfois “ inutile ”, serait à mettre à part de tous les autres aspects de la vie publique. La culture serait un domaine qui trouve sa fin en lui-même. Elle constituerait une sorte de supplément d'âme que l'urgence des problèmes sociaux et économiques abandonnerait au dernier rang des préoccupations.
La culture ne peut cependant pas être tenue pour le vernis d’autres politiques jugées plus sérieuses. Son rôle n'est pas seulement d'assurer à la France un “ rayonnement international ” aux contours mal définis.
Il existe, en effet, un lien direct entre l’amélioration de la démocratisation de la culture et la progression de la démocratie elle-même. En rendant chacun apte à mieux se connaître lui-même et à mieux saisir le sens du monde dans lequel il vit, la culture vient remplir une exigence fondamentale du citoyen mais aussi de l’homme au travail.
Une véritable politique culturelle devra donc jouer un rôle décisif dans l'établissement de l’égalité réelle que la gauche placera au centre de son programme en 2012. Ce changement de cadre intellectuel amènera la gauche à s’approcher davantage du spectateur, celui qui reçoit la culture, et non plus uniquement à s’intéresser aux acteurs de la culture à travers le soutien à la création et à la diffusion artistique.
Nous proposons que soit élaborée une “ politique d'autonomie culturelle ” qui s’inscrive dans le mouvement historique de démocratisation de la culture. Celle-ci consiste à rendre chaque citoyen autonome dans sa relation à la culture et donc à permettre à un public plus large d’avoir accès à des œuvres par ailleurs largement subventionnées.
Partons d’un constat simple : une barrière psychologique divise la société française face à la culture sans que les politiques culturelles menées successivement n’aient réussi à la réduire. Pour généraliser l'accès à la culture et faire tomber, on l’espère, définitivement, l’inégalité dans l’accès aux lieux de diffusion, il ne suffit pas pour l’Etat ou les collectivités de favoriser la création et de faire baisser les prix de l'accès à ces productions. Ces mesures doivent être complétées d’un effort réel pour que se créent, chez le citoyen lui-même, de nouvelles habitudes qui en fassent un promeneur régulier dans le champ de la culture.
"Le parti des militants", nouvelle Contribution
Taxe carbone et redistribution écologique
En réponse au défi écologique, une fiscalité nouvelle doit être envisagée. Nous proposons un mécanisme qui permette de gagner en écologie sans perdre en économie, l’objectif étant de réduire le gaspillage de chacun pour augmenter le bien-être de tous. L’idée principale de ce mécanisme serait de taxer dans un premier temps le comportement pollueur ; le produit de cette taxe serait ensuite redistribué aux individus et aux entreprises polluant moins que la moyenne des gens ayant les mêmes caractéristiques qu’eux. Concrètement, celui qui consomme plus que les personnes de sa catégorie paierait l’« impôt vert », et celui qui consomme moins recevrait un crédit d’impôt.
"Universités: que tirer du modèle américain ?", nouvelle Contribution
Dans l’économie de la connaissance, la prospérité d’un pays dépend à long terme de sa capacité à innover en formant les meilleurs étudiants et en attirant les plus grands chercheurs. La concurrence entre universités est aujourd’hui internationale, et la France doit faire face aux défis de la situation actuelle. L’université française maintient son rang mais son attractivité et sa visibilité internationales sont relativement faibles : la comparaison avec le système américain permet d’isoler les éléments qui fonctionnent outre-atlantique et qui devraient inspirer certaines réformes en France.
"Les entreprises comme lieux d'émancipation", nouvelle Contribution
Le débat public sur les politiques à mener vis-à-vis des entreprises a été concentré par la droite autour d’une idée simple: la gauche serait l’ennemi de “l’entreprise”. Face à cette rhétorique, les réactions ont paru pour le moins timides. Mal à l’aise sur la question, la gauche n’a pas su convaincre sur un thème qui implique pourtant l’essentiel du tissu économique du pays.
La raison réside dans l’apparente contradiction qui existe entre défense des intérêts des salariés et de ceux des entrepreneurs. Beaucoup ont associé la volonté d’encourager les entreprises à la tentation de renier les valeurs d’égalité et de solidarité. Or il n’y a aucune contradiction à promouvoir les intérêts des entreprises si les mesures adoptées sont destinées à en faire des lieux d’émancipation.
"Redistribution écologique" et "Services publics en zone rurale", nouvelles contributions
L'une, consacrée à la redistribution écologique, propose un mécanisme original permettant, par la modification de certains aspects de la fiscalité, d'inciter chacun à adopter un comportement écologiquement vertueux, tout en remplissant un objectif de redistribution sociale en fonction de ces comportements.
L'autre, consacrée à la question des services publics en zone rurale, énonce plusieurs propositions pour pérenniser et moderniser, de façon réaliste, la présence de l'Etat dans tout le pays, dans un double objectif de développement économique et de recherche d'une plus grande égalité des territoires.
Bonne lecture!
Francesco Avvisati, Mathias Chichportich, Henry J. Dicks, Manon Garcia, Pierre Haroche, Harold Huwart, Damien Ientile, Julien Jeanneney, Emmanuel Martin, Matthieu Niango, Jeanne-Marie Roux