Un gouvernement économique européen ?, par Pierre Haroche
Oui mais voilà, si l’idée générale de la Commission semble la suite logique de la réponse à la crise grecque, les modalités sont nettement plus contestables. En demandant un droit de contrôle sur les budgets nationaux, la Commission cherche à s’arroger un pouvoir important, sans contrôle ni contre-pouvoir. Non seulement elle se met à dos les Parlements nationaux censés voter les budgets, mais si son souhait était exaucé –ce qui est peu probable– c’est elle-même qui en souffrirait le plus. La Commission passe son temps à regretter "l’hypocrisie des gouvernements" qui prennent des décisions au niveau européen, puis refusent de les assumer devant leurs opinions publiques en disant : "C’est Bruxelles qui nous oblige". Mais qu’est-ce que cela serait si un ministre des finances devait demain se présenter devant son Parlement en disant : “La Commission européenne a censuré mon budget“ ? Dès qu’une question d’argent public serait soulevée –c'est-à-dire à peu près tous les jours– la Commission deviendrait le bouc-émissaire de tous les mécontentements, le père fouettard des peuples.
Cela signifie-t-il que nous devons en rester à de vagues tentatives de coordination des gouvernements nationaux sur une base non contraignante ? Nos intérêts politiques s’opposent-ils à nos intérêts économiques au point de nous interdire un vrai gouvernement économique européen ? Non, si l’on conserve le même objectif en adoptant une procédure plus souple. En amont de la préparation des budgets, un texte d’orientation budgétaire européen pourrait être adopté par le Conseil des ministres des finances et le Parlement européen. Ce texte inclurait les hypothèses et les orientations générales à prendre en compte par chaque Etat. Dans un deuxième temps, la Commission pourrait être chargée de contrôler le respect de ces engagements dans les avant-projets de budgets. Cette solution aurait l’avantage d’impliquer non seulement les parlementaires nationaux, qui pourraient contrôler la position de leur ministre au stade des débats d’orientation budgétaire, mais aussi les parlementaires européens. Le spectre de la technocratie serait écarté et la Commission s’en tiendrait à un strict rôle d’exécutant. A terme, la Commission ne pourra vraiment peser sur la définition d’une politique budgétaire européenne qu’à condition d’être issue du suffrage universel.
Le parlementarisme est né en Europe et en Amérique sur une transaction en forme de slogan : "Pas de taxation sans représentation !" C’est l’esprit de cette transaction qu’il s’agit de retrouver aujourd’hui : “Pas de contrainte budgétaire sans délibération !“
Pierre Haroche
Universités et entreprises: quel contrat de mariage ?, par Damien I.
Rapprocher université et entreprises n’est ni bon ni mauvais en soi, et tout dépend des mesures concrètes qui sont prises pour mettre en oeuvre ce slogan. Méfions-nous notamment de son interprétation la plus courante, parce qu’elle est naïve et parce qu’elle ne n’intègre pas le fait que nous vivons dans un monde qui évolue de plus en plus rapidement.
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1/ La naïveté serait de croire que les entreprises inciteront les universités à délivrer des enseignements qui sont, à long terme, bénéfiques aux étudiants. Posséder des savoirs techniques (comptabilité, gestion, logistique) facilite en effet l’accès au premier emploi. Mais ce sont les savoirs généraux qui permettent ensuite de gravir les échelons dans les entreprises. Or, il est probable que les entreprises insistent plus sur les savoirs techniques que sur les savoirs généraux, qui sont moins clairement identifiés et identifiables.
Les qualités d’écriture, de présentation, d’expression, de communication des idées, mais aussi la culture générale et la capacité d’analyse, ne sont pas essentielles en début de carrière. Elles sont cependant nécessaires pour progresser dans l’entreprise et pour accéder à des postes à responsabilité. A l’échelle d’une carrière, des savoirs trop spécialisés sont utiles à court terme mais insuffisants à moyen terme, et l’individu risque de voir ses perspectives se restreindre s’il n’a pas bénéficié d’enseignements généraux et théoriques, lettres, histoire ou mathématiques. Le rapprochement entre université et entreprise ne devrait donc pas se faire au détriment des disciplines qui semblent les moins directement liées à l’entreprise.
2/ Le fait que nous vivions dans un monde qui change rapidement s’explique simplement : les centres d’innovation se multiplient et l’économie devient plus compétitive, notamment parce que de nouveaux acteurs émergent et parce que les barrières au commerce international sont en constante diminution. Dans un tel contexte, les produits et les méthodes de production les moins innovants et les moins rentables ne peuvent pas subsister longtemps, et les entreprises comme les travailleurs doivent se donner les moyens de s’adapter à un rythme soutenu.
Un Américain au PS, par Pierre Haroche
Soudain, il me demanda avec ingénuité : ”Mais ce vote, que décide-t-il au juste ?” Je répondis, en confiance : ”Il décide de la nouvelle majorité qui dirigera le parti.
Discriminer moins pour gagner plus, par Matthieu Niango
Rien n’est dit, en effet, des raisons pour lesquels les symboles de la République sont régulièrement attaqués par les populations d’origine immigrée (ce fut le cas entre autre d’un France-Maroc en novembre 2007). C’est ainsi dans l’indifférence générale et sans commentaire du gouvernement que s’est déroulé, la semaine dernière, le procès de Daytona, une société fournissant des prestations d’hôtesses de vente et d’animation, condamnée pour avoir établi un fichier ethnique à l’usage de ses clients.
La réforme du Sénat, un enjeu républicain, par Pierre Haroche
Une opposition fondée, mais mal expliquée
Or ce refus, au-delà du simple « réflexe » d’opposition, constituait surtout une tentative de faire avancer la réforme du Sénat que beaucoup d’esprits chagrins disent impossible. L’exigence d’une majorité de 3/5e empêchait la majorité d’agir sans l’aval d’une partie de l’opposition. Dès lors, le PS a tenté d’utiliser –en vain– cette rare occasion pour faire évoluer le statut du Sénat. L’opposition ne se trouve pas souvent en position de force suffisante pour négocier avec la majorité. Dans ce cas précis, la crainte que les socialistes rejettent le texte en bloc et en empêchent ainsi l’adoption aurait pu pousser la majorité à transiger sur la question de la Chambre haute.
Quel premier secrétaire pour le Parti socialiste ? par Pierre Haroche
Un premier type de critique classique vise l’excès des ambitions personnelles qui tendraient à éliminer le débat d’idées et à « caporaliser » le parti derrière un chef. C’est aujourd’hui la position des « reconstructeurs » qui refusent que le congrès se transforme en duel des « présidentiables » désignés par les sondages d’opinion, Bertrand Delanoë et Ségolène Royal, et en appellent à l’élaboration d’une « offre politique » préalablement à la désignation d’un candidat.
Où va la Cinquième République ? par Pierre Haroche
L’esprit fondamental de la constitution de 1958 réside dans une innovation majeure : un régime parlementaire avec à sa tête un président de la République. La plupart des tensions que le régime a connues depuis lors découlent directement de la difficulté de concilier ces deux aspects a priori contradictoires.
En théorie, le premier ministre est censé assurer la jointure, en étant responsable à la fois devant le président et le parlement.
Des municipales au Congrès, par les membres du Club Changer la gauche
Tout d'abord, il faut aller chercher l'énergie là où elle se trouve : dans les collectivités territoriales. La dynamique créée par ce scrutin pourra se concrétiser si la gauche traduit ses succès dans les territoires en propositions de large envergure.
Pensée écologique et troisième voie, par Henry J. Dicks
Après le succès de Clinton, tout le monde prédisait la victoire d'Al Gore en 2001. Pourtant, après qu'il a décidé de ne pas fonder sa campagne sur le danger du réchauffement climatique, sujet dont on sait désormais à quel point il lui tient à cœur, son projet a été critiqué pour son manque de substance et de valeurs ; c'est là que s'est jouée toute l’élection. Par la suite, le virage néo-conservateur des Etats-Unis a été ravageur pour l'écologie. Après avoir nié l'existence du réchauffement climatique, l'administration Bush ne l'accepte aujourd'hui que pour justifier des subventions énormes et écologiquement inefficaces en direction de l'industrie d'agro-carburants –l'enjeu est bien entendu de gagner cette industrie, très puissante, à la cause républicaine.
Jeux Olympiques ou développement durable ? par Henry J. Dicks
Le pays a toujours été très fort dans le domaine des grands projets, comme l'illustrent son TGV, son tunnel sous la manche, ses belles centrales électriques ou sa ligne Maginot!
A défaut de Jeux olympiques, pourquoi la France ne lancerait-elle donc pas un nouveau grand projet?
De quels projets la France a-t-elle aujourd'hui besoin? Dans quel domaine peut-elle montrer une voie à suivre pour le monde entier? La réponse n'a jamais été plus claire. Les grands projets doivent aujourd'hui s'insérer dans la lutte collective contre cet ennemi désormais commun qu'est le changement climatique.